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Ptits bouts
2 mars 2009

Interdit

Nous avons tous une définition propre de l'interdit, selon notre sexe, âge, culture, origine, politique, religion... La plus simple semble être celle qui dit que c'est le fait de ne pas être autorisé. D'autres disent que c'est une condamnation absoluse visant à mettre à l'écart d'un groupe social. On s'est tous un jour retrouvé devant l'envie de faire quelque chose d'interdit, comme un défi réveillant l'excitation.

Nos notions d'interdits nous sont d'abord inculquées par nos parents, qui sont là pour veiller à ce que l'on ne fasse pas ce qu'ils Nous interdisent. Et puis il y a l'intégration à l'école où la dimension de lois, de règles s'inscrit dans notre petit cerveau. Déjà, c'est plus fort que soi, ce piment dans notre petite journée d'avoir la sensation d'avoir fait quelque chose d'extraordinairement interdit, enfin, je parle pour moi. Mon défi, ce jour là à l'école maternelle est de me faire punir pour que l'on me mette au coin. Et d'un. Mais l'ultime plaisir, c'est qu'une fois punie je suis proche du placard à friandises, entrouvert. Maman ne nous achète pas de friandises, et là, c'est une étagère garnie, colorée, odorante et délicieuse qui est à ma portée; comment résister.. Je fais mes provisions et partage mes gains au moment de la récréation avec Johan qui sait très bien pourquoi je me suis faite punir. C'était mon complice. Cet interdit là avait un goût de fraise et de citron.

Donc, il y a toutes ces choses que l'on nous interdit. Et puis il y en a que l'on s'interdit soi. Soit parce qu'on a le sentiment d'avoir des convictions bien arrêtées, soit pour se protéger ou bien par peur. J'entend parfois des personnes qui disent: "mais ça ne se fait pas..." mais qui l'a décidé? Si c'est juste un coude sur la table, manger avec les mains, montrer du doigt, ce n'est pas bien dramatique. Et puis il y a les violences extrêmes physiques et mentales telles que le crime, le viol, le harcèlement moral, la condamnation le jugement. Enfin il y a nos propres interdits, ceux que l'on ne dit pas, ceux que l'on a envie de braver, ceux qui nous font honte. J'ai peur de toutes ces limites que l'on se met sous prétexte de l'interdit. S'interdire la vérité. Et en même temps, si certaines règles n'étaient pas en place comment serait le monde...

Mais ici, quand je veux parler de l'interdit, je pense à mes propres oeillères dues à mon éducation, dues à mon expérience, dues à mes souvenirs, dues aux interdits des autres, aux interdits qu'ont bravé les autres à nos dépends... Aujourd'hui je m'interdis de subir encore. Ca c'est ma conviction, mais ma capacité à la mettre en oeuvre n'est pas à la hauteur, ou pas encore maitrisée. Mais aussi je m'interdis de ne plus être mal - heureuse. A partir de là, c'est comme une légèreté qui s'installe, une gorge qui se dénoue, une voix qui s'éclaircie, des yeux qui brillent, une naissance.

Le côté positif de l'interdit prend alors tout son sens, puisque c'est dans un souci de construction. S'interdire de se taire, s'interdire de trembler d'hésitation, s'interdire de ne pas avoir confiance en ses capacités à donner, à agir, à aimer, à être aimé. Je ne veux pas aller dans un excès de positivisme mais croire, agir et avoir envie me semblent être de bonnes méthodes.

Lorsque l'on a trouvé son autre, des permissions deviennent interdites par protectionnisme, par engagement ou par cessité. Non que la personne à nos côtés nous le demande, mais par interprétation de ce que l'on croit que pense l'autre. J'adoore :) Vivre ensemble et non pas l'un pour l'autre, sans s'interdire d'être soi.

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